samedi 16 décembre 2017

Johnny




                                              Johnny,
Les mots n’étaient pas de toi
mais tu avais la voix.
Celle qui, sur mes aventures
de bande-dessinée
mettait de vraies blessures.
Celle qui, sur mes émerveillements
de fête foraine
jetait le black
pour que brillent les ampoules électriques
sur les manèges où l’on se serre contre les filles.
Celle qui rassemblait mes âmes louves
pour les faire hurler à l’amour.
Celle qui réveillait
de mes meutes alanguies
le blues
quand la mort et la vie
sur un rythme de rock
s’épousent.
Alors
Johnny, dans ton habit de paillettes
en vrai Chevalier du Ciel
les mots n’étaient pas de toi
mais tu avais la voix.

dimanche 12 novembre 2017

Méditation devant la mer



    Devant cette mer immense et grise, devant ces îles allongées dans leur platitude modeste comme pour ne pas déranger l’horizon, devant ces nuages irrésistibles tout à leur course immuable, devant ces pierres assemblées et blanchies en tentatives de maisons, minuscules spectatrices qu’un théâtre s’est donné à lui-même, je voudrais avoir les yeux, la peau, l’ouïe, le nez , la langue, le ventre et l’esprit pour capter les infimes vibrations du vent, le crissement du galet qui quitte la falaise, la solitude unique du regard caché derrière la fenêtre, le camaïeu des bleus  des morceaux de nuit entre les étoiles, des bleus des yeux des nouveaux nés, je voudrais aimer tous les parfums par-delà les murs des jardins, toucher sur ma peau la meurtrissure des liens qui unissent la poussière au sentier, sentir passer dans ma gorge comme miens tous les cris de l’univers, je voudrais accepter le poids des choses, le poids des êtres, le poids des faits, accepter les pulsions des désirs, les fulgurances des pensées, les besoins des âmes, des corps et des cailloux, enfin, je voudrais, dans les remous du fleuve du temps, dans le vide entre les instants, plonger tout entier et ressortir, comme au premier souffle du monde, sur les îles nées de ma liberté.

jeudi 31 août 2017

Petite fable dans le style de La Fontaine



                                            Par un beau jour d’été, une jolie sylphide
Promenait son minois sur la mousse humide
Un gros porc, lui, promenait son bide.
Vous, vous pensez déjà à une histoire sordide.

Mais en réalité voici ce qu’il advint.
Effrayée, l’ingénue en voulut au destin
De lui faire rencontrer un être si vilain
Et tout contre son cœur serra son sac à main.

« -Dégage mon chemin, vil animal lubrique
Je vois dans ton regard des idées sataniques. »
« -Mais non ma toute mignonne, surtout pas de panique
Je suis un porc gentil, ne me faites pas la nique. »

En se bouchant le nez et en le bousculant
Elle s’enfuit vite et loin en courant et hurlant
Laissant là le porc triste avec son cœur souffrant,
Son âme blessée entre  des bras ballants.

Elle ne vit pas le loup qui était à ses trousses.
Le bas du corps en rut et la gueule pleine de mousse
Il se voyait déjà croquant la jeune frimousse.
C’était sans compter sur notre porc et sa frousse.

Sa frousse certes mais son courage aussi
Car, voulant la défendre, il fut vite occis
Par la bête méchante qui le laissa sans vie
Et oublia la belle dès l’estomac rempli.

A construire une leçon servira ce malheur.
Je m’en viens vous la dire. Vous la saurez sur l’heure.
Ouvrez bien vos oreilles surtout n’ayez pas peur :
« La beauté de la peau n’égale pas celle du cœur »

lundi 29 mai 2017

L'aimer elle





Mon dernier recueil publié :

Disponible sur Amazon.fr et sur Lulu.com
                                                     
                                                                     


Souvenir de Marrakech



                               



                                           
                                                 les mains du feutrier
tout un jour
patiemment
à réconcilier les fibres de la laine
pour faire un chapeau
puis se mettre sur la tête
le vent de la montagne
les poussières bleues du désert
le soleil rouge des coquelicots
les mains calleuses des bergers berbères
et la chaleur des seins
des cardeuses du souk