Stupides serpents
Dans les temps reculés,
les sages animaux
Pour une cause obscure
avaient privé de mots
Au grand conseil des
bois, les reptiles déments
Qu’ils avaient surnommés
les « Stupides serpents ».
Vipères, couleuvres,
aspics et cætera
Sans voix au chapitre
continuèrent tout bas
Dans les vallons obscurs
leurs rites primitifs
Refusant leur destin
comme définitif.
Voilà qu’un triste jour,
la roue de la fortune
Remit sur le devant
toutes leurs vieilles lunes.
C’est par un grand
malheur que l’affaire commença.
Un immense incendie aux
alentours des bois
S’ajoutant à la guerre
ravagea les contrées,
Chassant hors de leur
toit grand moultes réfugiés.
Les langues de vipères
aboyèrent d’abord
« Tous ces sales
intrus vite par-dessus bord ! »
Criaient-elles à
tue-tête dans toutes les clairières
Montrant leur vilenie
sans faire de manières.
Aspics et cobras y
allèrent ensuite
De leurs crocs venimeux,
donnant la mort très vite
A tous ceux qui
n’étaient pas natifs de nos terres.
Quelle funeste erreur
fut-ce de laisser faire
Et d’oublier ainsi la
morale des cieux !
Car vint bientôt le tour
des trop laids, des trop vieux.
Tous ceux qui par hasard
déplurent aux reptiles
N’eurent même pas le
temps d’écrire un codicille.
Comment, me direz-vous,
de cette lourde histoire
Les animaux enfin
lavèrent leur mémoire ?
Eh bien, je vous le dis,
ils durent leur salut
Aux putois, musaraignes
et à tous ceux qui puent.
Qui puent mais ne
répugnent à manger du serpent
En préservant ainsi les
réflexes d’antan.
Or ils étaient nombreux
à venir d’outre-bois.
Ce sont leurs survivants
qui ouvrirent la voie.
Beaucoup se
sacrifièrent, des sans-nom, des sans gloire
Mais c’est pourtant
ceux-là qui firent la victoire.
Les « Stupides
serpents » dans la nuit repartirent.
On put alors entendre de
nouveau des rires.
Partout il fut gravé
afin que tous le voient
« Plus jamais de S.s.
au grand conseil des bois ».
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